L'ARGENT COMME POURVOYEUR DE SEXE
Rodolphe se dit alcoolique et me demande de l’aide. En fait, son problème est tout autre : dès qu’il gagne un peu d’argent, il ne peut s’empêcher de le dépenser avec des entraîneuses. Sa femme est équilibrée et plaisante, mais elle ne l’excite plus. Il a besoin de payer pour le sexe car cela lui donne la sensation, excitante à ses yeux, de pouvoir tout s’offrir. Prisonnier de ce besoin, il a même essayé d’y impliquer sa femme, lui laissant quelques billets de cinquante euros sur la table de nuit. Elle les lui a rendus, n'appréciant guère sa proposition.
Qui sait si
Hugh Grant n’a pas essayé de payer la splendide
Elizabeth Hurley, avant d’être surpris avec une prostituée sur un boulevard d’Hollywood. Les médias déchaînés ont fait preuve d'un étonnement ressemblant à une fausse ingénuité. Ceux qui se demandent pourquoi le fiancé d'une des plus belles femmes du monde veut payer pour faire l’amour font preuve d'une complète ignorance des lois de l’amour mercenaire. Acheter l'amour permet d'échapper aux rapports « paritaires », jugés trop « horizontaux », moins sur le plan sexuel qu’en termes d'affectivité. Mais à quel prix ? Plus que par l'anecdote de Hugh Grant, la réponse nous est donnée par le film Proposition indécente interprété par Robert Redford et Demi Moore, et dont l’argument est bien connu : un million de dollars pour une nuit d'amour. Même le mari de la dame se laisse tenter : si un autre est capable de dépenser tant d’argent pour passer une nuit avec sa femme, cela signifie qu’elle possède des qualités que d’autres femmes n’ont pas. Ce film ne fait qu'illustrer une très vieille loi qui veut que souvent l’homme redécouvre les attraits de sa femme dans le regard d’un autre.